Moi femme autiste au volant = Stress au tournant ?

Non, je ne vais pas faire de généralités tel que le fait l’adage « femme au volant, mort au tournant », d’ailleurs auquel mon frère ajoutait ce « charmant » : « femme dans le fossé, danger écarté ». Je ne vais parler que de mon expérience avec cet engin qui m’effraie et que l’on nomme automobile.

Ca commençait mal

Il faut dire qu’avant de passer le permis, je n’avais pas eu de bonnes expériences avec les véhicules que j’ai tentés de manier.

L’apprentissage du vélo fut laborieux, et j’ai lâché les petites roues à l’aube de mes 7 ans. D’ailleurs je déteste le vélo, je n’en ai pas fait depuis bien 20 ans, je n’arrive pas à trouver l’équilibre. Alors que dire quand il a fallu que je manie une moto pour enfant… Je me souviens encore du gendarme qui me courait derrière en me sommant de m’arrêter. L’expérience fut tout aussi traumatisante avec la mobylette au collège.

Vu mes prouesses, il était plus sage et judicieux que je fasse de la conduite accompagnée. Je n’ai pas été déçue, 2 ans à nourrir le cuir du volant de la voiture (comme le disait mon père) tellement j’étais stressée. J’ai eu le droit à tout, routes de campagnes, nationales, routes de montagnes où on ne se croise pas… Puis au bout des 2 ans et mes kilomètres requis, il est temps de passer le permis.

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Le Saint Graal

Autant mes parents n’étaient pas étonnés que j’ai mon code du premier coup, autant ils ne pariaient pas sur moi le jour où j’ai dû passer le permis (et moi non plus), vu mon passif. En plus, l’inspectrice était réputée pour le donner difficilement. Bien que j’avais mes 2 ans de conduite accompagnée dans les jambes, et 4 heures de leçons de conduite en plus avant l’examen, j’y suis allée défaitiste et très stressée. Je suis passée la dernière ce jour-là. Je n’ai pas eu le résultat à la fin, les règles ayant changé pour éviter les agressions d’inspecteurs.

Il a fallu trois jours d’attente avant de trouver dans ma boîtes aux lettre l’enveloppe avec les résultats de l’examen. Quel soulagement de lire le mot « favorable » ! C’est un sentiment de libertés, certes, mais non sans coût.

Au début tout allait bien

Les premières années furent toutes somme « normales ». Jeune conductrice, je peux conduire seule maintenant quand j’en ai besoin, évidemment je fais des erreurs, je ne suis pas infaillible. Des montées de stress lorsque je dois doubler. Des créneaux fastidieux. Mais je m’en sors pas si mal qu’on pouvait le prévoir. Puis le temps passe, à cette époque je viens d’être mise sous antidépresseurs, je dors très mal, et je suis en stage à plus de 30 minutes de chez mes parents en voiture, à 3h en transports en commun. Les bouchons sur la nationale le matin m’épuisent, je suis sur la file de gauche, je me fais ma première frayeur en m’assoupissant une seconde. Je me réveille juste avant de toucher le terre-plein central, heureusement, pas de casse. Je trouve une parade en me levant plus tôt afin d’éviter les bouchons.

La goutte de trop

Puis je déménage, je me rapproche de mon boulot. Certains week-ends, je rentre chez mes parents, jusqu’au jour où en sortant de chez eux, je rentre dans une voiture que je n’avais pas vue (rien de grave, juste de la tôle froissée). Ce fut la goutte de trop pour moi. Depuis, j’ai très peur en conduisant, j’ai pris pleinement conscience que j’ai une « arme » entre mes mains, qu’à la moindre faute d’inattention, il peut y avoir des conséquences dramatiques. J’ai peur de ma conduite, mais aussi de celle des autres sur laquelle je n’ai aucune prise.

Le problème est que je vis à la campagne et qu’avoir une voiture est obligatoire, ne serait-ce que pour aller faire les courses ou chez le médecin. En semaine je m’en sors avec les transports en commun, mais le week-end il n’y a plus rien. Je me limite donc aux petits trajets vraiment essentiels, et quand cela est possible j’essaie de me faire conduire. Il m’est arrivé de devoir faire un trajet en voiture que je ne connaissais pas, en suivant le GPS, mais je les évite au maximum. Je me rends compte que plus le temps passe, plus il est difficile pour moi de gérer toutes les informations qu’il peut y avoir sur la route. En fait, il y en a trop et ça me stresse et m’épuise.

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Un isolement à venir forcé ?

Pour le moment je m’en sors plutôt bien, je jongle la semaine avec le bus, et le RER et le soir et le week-end mes parents jouent souvent le rôle de chauffeur. Même mon activité extra-professionnelle dépend de ma mère. Mais un isolement forcé commence à s’installer. Lorsque mes parents ne sont pas là, je ne vais nulle part. J’ai pourtant de la famille, un frère, une nièce. Mais conduire me terrorise tellement que je préfère m’abstenir.

De même comment ferais-je quand mes parents ne pourront plus conduire et auront besoin de moi ? Et que deviendrais-je quand ils ne seront plus là ? J’ai peur de me retrouver coupée du reste de ma famille parce que je ne conduis pas. Ceux qui ne conduisent pas ou très peu, comment faites vous pour ne pas vous retrouver isolés ? Certains ont-ils retrouvé le goût de la conduite ? Comment ont-ils fait ?


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