A quoi peut-il penser ? Comment voit-il le monde ? Est-il heureux ?

Je me suis souvent posée ces questions en plongeant dans son regard, lui qui ne peut parler. Au fond quelle est la vision du monde de l’animal qui m’accompagne ? En a-t-il vraiment conscience ? Je ne saurais répondre à ces questions.
Ce petit être m’a accompagné plus de 10 ans, ce n’est pas un record et même plutôt courant pour un lagomorphe de compagnie. 10 ans c’est long et c’est court en même temps, suffisamment long pour s’y attacher profondément, et trop court, car l’impression de ne pas avoir assez profité de sa présence. Et pourtant … Je me souviens des émotions que j’ai ressenties lorsqu’il était là, mais lui, partageait-il ces émotions avec moi ?
Son bien être était important pour moi, même si j’ai commis des erreurs durant de longues années, j’espère avoir rectifié le tir comme il faut. Longtemps j’ai cru être une mauvaise « mère » pour ce petit animal fragile, qui dans son instinct est une proie. Suis-je parvenue à le rassurer lorsqu’il avait peur ? Ma présence le mettait-il en confiance ? Je ne le saurai jamais, mais en revanche, son regard lui m’apaisait quand cela n’allait pas.
Et lorsque je partais en congés et que je le laissais à ma famille, s’est-il senti abandonné ? M’en a-t-il voulu de le transporter vers un endroit qu’il ne connaissait pas ? Peut-être, car une fois de retour à mon domicile, il était difficile de le faire sortir de sa caisse de transport..
Au fond de son regard j’ai cru voir toutes sortes d’émotions. De la peur, de l’inquiétude, de la méfiance, de la joie, de la malice, de la tendresse et peut-être même de l’amour. Et lui pouvait-il comprendre ce qu’il y avait au fond de mon regard ?
Seule les impressions restent, les questions demeureront à tout jamais.